André Baldinger est féru de culture japonaise et visite plusieurs fois le pays à titre privé avant d’être lauréat, en 2012, d’une bourse de recherche du Cnap (Centre national des arts plastiques).
Lors de son premier séjour d’étude à Kyoto en 2013, une préfiguration, en pointillés, de son caractère japonais-latin est utilisée pour la communication d’un événement organisé par l’Institut Français (La Nuit blanche 2013)
Lors de ce séjour à Kyoto, je fus reçu par la très réputée fonderie japonaise Morisawa à Osaka. Après avoir vu mon travail, le directeur m’a vivement encouragé à continuer le projet avec les signes kanji.
La question de la cohabitation des signes de culture occidentale et orientale m’occupe depuis un moment. En particulier dans le cas du Japon. Mon intérêt principal est lié à la situation singulière du Japon. Aucune autre écriture ne se sert d’autant de scripts différents.
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En 2008 et 2009, j’ai fait partie de deux équipes de recherche travaillant sur des projets complémentaires autour de la cohabitation des signes et leur mise en page. Avec Philippe Millot à l’EnsAD (École nationale supérieure des Arts Décoratifs) dans le cadre du cycle supérieur de recherche EnsAD Lab avec le projet ECRICHIN – Horizontal/ Vertical (recherche comparative et historique entre les mises en page chinoises et occidentales) et avec l’Institut design2context de la haute école des arts Zurich (ZhdK) en Suisse (recherche sur la cohabitation de différentes typographies multilinguistiques au sein d’un même ouvrage).
À un moment où le monde devient de plus en plus global, la nécessité de travailler et combiner la typographie de différentes langues et cultures devient courante.
La cohabitation des signes des cultures occidentales et orientales constituera de plus en plus la base de la communication pour un nombre croissant de pays et
cultures.
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Pour mener cette recherche et poursuivre mon travail de conception, je dois intégrer les différences entre des caractères particulièrement complexes.
- D’abord la densité des signes : les hiragana et les katakana sont beaucoup moins denses que les kanji, similaires aux caractères latins.
- Les caractères japonais sont monospaces, chacun occupant exactement la même largeur contrairement au latin où les caractères sont proportionnels ( à l’exception des caractères type machine à écrire). Un i prend moins d’espace qu’un w par exemple.
- Les caractères latins sont alignés sur la ligne de base. Les caractères japonais sont alignés sur la moyenne verticale.
- Les caractères latin ont deux casses. Ils sont composés de miniscules et de majuscules. Les caractères japonais ont une seule casse comparable à celle des majuscules du latin....*
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La nouvelle famille de caractère Japonais-Latin aura 5 graisses et tirera avantage du format OpenType et Unicode qui permet d’inclure tous ces caractères dans une seule police.
Le projet est en cours. Le nombre des signes, leurs formes ne sont pas encore arrêtés.
André Baldinger
* extrait du catalogue de l'exposition